En pensant à ce sujet j’ai bien sur à l’esprit la problématique de la carence supposée en Vitamine D chez la plupart d’entre nous qui vivons dans le nord de la France en Hiver.
Mais le matraquage publicitaire et médical autour de cette vitamine (qui n’en est pas une, il s’agit en fait d’un précurseur hormonal) mériterait à lui seul une réflexion globale. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait au travers d’une de mes dernières vidéos sur ma chaine Youtube (Réflexions naturopathiques). Mais cette focalisation sur la « vitamine D » ne doit pas faire oublier le débat sur la nécessité d’une complémentation nutritionnelle en particulier quand nous sommes amenés à vivre davantage à l’intérieur, à manger plus d’aliments cuits et à vivre dans un environnement pollué et stressant.
Notre alimentation d’aujourd’hui répond-elle aux besoins micro-nutritionnels de notre vie moderne ?
A en croire les statistiques recueillies auprès de la population française nous serions largement carencés en de nombreux nutriments
25% des hommes de plus de 65 ans ont un déficit en vitamine C
30% des adolescents manquent de vitamine B6
30% des enfants et 10% des femmes ont un risque de carence en fer …
La liste est longue mais rares sont les études qui parlent de réelles carences. Un déficit d’apport ne veut pas forcément dire carence. Nous avons en effet la capacité de stocker certaines vitamines ou minéraux un certains temps. Peut-être que notre organisme est aussi capable de transmuter certains éléments abondants en d’autres éléments manquants. Mais la question est surtout de savoir si un déficit chronique en un micronutriment essentiel peut être la cause d’une baisse de notre niveau de vitalité ou puisse même perturber certaines fonctions vitales.
Mon point de vue est qu’à notre époque malgré la qualité déplorable de l’alimentation moderne et le mode de vie déshumanisé les carences réelles sont assez rares. On parlera plutôt de déficiences nutritionnelles. Néanmoins peu d’entre nous sont capables d’apporter l’ensemble des nutriments essentiels pour un niveau de santé optimal. Le problème est qu’il est très difficile d’évaluer nos besoins personnels en micro-nutriments. Les autorités sanitaires fixent bien des normes pour définir nos AJR (apports journaliers recommandés) mais ces chiffres sont loin d’être individualisés et ils ne prennent pas en compte l’ensemble des paramètres qui influencent nos besoins.
Savez par exemple que nos besoins en vitamines B1 sont largement augmentés si nos consommons beaucoup de glucides (céréales, pains, desserts…) ?
Savez-vous que le stress psychologique ou oxydatif (pollution, exposition au soleil, à des produits de synthèses…) augmentent nos besoins en antioxydants?
Savez-vous qu’un état inflammatoire chronique ou une infection sont très consommateurs de ZINC ou de vitamine C ? Le problème a d’ailleurs été évoqué avec la COVID. Une pratique sportive régulière suppose aussi des apports supérieurs en nutriments.
Mais nos besoins dépendent aussi de l’état de notre microbiote et de notre muqueuse digestive. A quoi bon se gaver de compléments nutritionnels s’ils ne sont pas convenablement assimilés ?
Mes besoins en micronutriments dépendent aussi de mes activités, de mon environnement, de mon vécu, de la qualité de mes aliments, de mon sommeil, de mon état inflammatoire… Mais alors comment réellement individualiser nos besoins ?
En naturopathie le praticien va d’abord se poser la question suivante : la priorité est-elle de favoriser l’élimination des toxines (cure de désintoxication) ou de revitaliser la personne pour remonter son niveau d’énergie? Seul un bilan de vitalité (approche global) à partir d’un questionnement précis (anamnèse) et d’un bilan morphologique pourra permettre une évaluation globale de ces priorités. Une analyse des cheveux (meilleur qu’un bilan sanguin) pourra compléter ce bilan nutritionnel pour mettre en lumière certains déficits mais celle-ci n’est que rarement nécessaire.
Les compléments de la désintoxication n’ont pour effet que d’apporter un certain soutien aux processus enzymatiques du foie. Une alimentation spécifique et le repos digestif apporté par le jeûne sont généralement suffisants dans cette phase.
« Parfois l’organisme à besoin de moins pour faire plus. »
En revanche dans la phase de revitalisation des apports supplémentaires de macro ou micronutriments s’avèrent souvent salvateurs.
Avant toute démarche de complémentation nutritionnelle il est important de répondre à ces questions :
Quel est l’état général du patient ?
Son mode de vie exigent-il une complémentation ?
Quel est l’état de son microbiote ?
La question qui se pose ensuite est celle du choix des compléments alimentaires.
Pour la naturopathie « la vie se nourrit de la vie ». On cherchera donc prioritairement des nutriments dans les aliments vivants et de préférence crus même si la cuisson qui détruit de nombreuses vitamines peut aussi favoriser l’assimilation d’autres.
La nature des compléments alimentaires est aussi prépondérante et l’on est en droit de se demander si une vitamine de synthèse (par exemple une vitamine C fabriquée en laboratoire) sera reconnue de la même façon qu’une vitamine C issue de l’Acérola ? La forme spatiale d’une vitamine (naturelle ou de synthèse) est par exemple de critère à prendre en compte. Que valent des compléments apportant des minéraux de types inorganiques c’est a dire issus du règne minéral par rapport à des minéraux issus des végétaux ou des produits animaux (Zinc issus de l’huitre par exemple). Comment notre organisme les assimile-t-ils ? Comment nos cellules les métabolisent-ils ? Mais surtout sauriez vous lire les étiquettes d’un complément alimentaire pour en déterminer la réelle valeur nutritionnelle ? Vous avez acheté du zinc sous sa forme oxyde, gluconate ou pidolate ? Laquelle est la mieux assimilée ?
Devant l’engouement des compléments alimentaires il est normal de se sentir perdu. Si je vous dit que les oméga 3 (issus des huiles de poissons gras) vendus dans la plupart des parapharmacies sont à 90% composés d’Ester Ethylique et non de triglycérides naturels de l’huile d’origine, alors vous commencez à vous dire que peut-être la plupart de ce que l’on nous propose n’est peut-être pas si bon que cela.
La jungle de la micro-nutrition suppose donc un regard à la fois global sur ce qu’est le vivant et une vision précise et rigoureuse de ce qui fait la qualité des compléments que nous achetons. Comme toutes les techniques naturelles de santé, la micro-nutrition aussi appelée « médecine orthomoléculaire » (de la juste dose), doit être apprise et replacer dans un contexte global de santé à adapter à chacun d’entre nous.
Jbrice THIVENT
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