Disparition de la faim
En moins d’une journée de jeûne, la sensation de faim disparaît. Ce phénomène est accompagné d’une diminution importante des sécrétions enzymatiques (la bouche devient sèche, l’estomac se rétracte…).
Contrairement à ce que l’on peut croire, l’appétit s’estompe et on se trouve même parfois écœuré à l’idée de manger. Bien sûr, on peut avoir quelques envies de grignotage, surtout dans les premiers jours du jeûne quand le mental prend le dessus ou pour sortir de l’état de lassitude caractéristique du jeûne, mais il ne s’agit pas d‘une vraie faim. D’ailleurs, il suffit d’attendre un peu ou de boire pour que cette envie s’estompe rapidement. En Occident, nous ne connaissons pas la vraie faim.
Celle- ci vient d’une demande cellulaire, du plus profond de nos tissus et ne doit pas se confondre avec l’appétit que nous avons parce que vient l’heure de manger ou lorsque nous faisons une hypoglycémie.
Il est d’ailleurs remarquable de constater que l’hypoglycémie n’existe pas durant le jeûne puisque nos cellules sont parfaitement (auto)-nourries et que notre taux de sucre sanguin s’autorégule parfaitement. Après plus de dix ans de pratique du jeûne sur plus de 150 jeûneurs suivis, je n’en ai jamais vu un seul souffrir d’hypoglycémie. Pourtant certains d’entre eux étaient sujets à ce genre de crise lorsqu’ils se nourrissaient normalement !
La désassimilation
Lorsque l'intestin est vide (arrêt de l’assimilation), la langue, comme toute la muqueuse du système digestif, se tapisse d’un mucus blanchâtre, signe que le corps entre dans une phase de désassimilation. Le corps modifie son activité dans le système digestif. Cela se manifeste parfois par des gargouillis, petites aigreurs, nausées…signes d’un travail d’élimination et de régénération tissulaire (phase de réparation).
L’haleine devient alors plus forte à cause de la formation des corps cétoniques et la peau peut devenir aussi plus odorante.
Durant cette phase, il est normal d’éprouver parfois une sensation de lassitude et le besoin de se reposer. Cela est dû à la dérivation de l’énergie vitale vers les fonctions d’élimination et de régénération ainsi que l’accroissement du travail des émonctoires (en particulier des reins qui vont filtrer davantage de déchets acides et du foie qui travaille différemment).
Phase 2 : l’inanition
Certains médecins ignorants pensent que si l’on prive le corps de nourriture, il rentre immédiatement dans cette phase (à ne pas confondre avec le jeûne thérapeutique) et dépérit en quelques jours.
Bien sûr, nous avons vu qu’il n’en n’est rien. Cette phase ne doit pas être considérée comme faisant partie du jeûne puisqu’à la différence de la phase 1 de l’autolyse, qui est une phase de (re)construction, l’inanition est une phase destructive qu’aucun animal dans la nature ne vivra (sauf s’il ne trouve plus de nourriture).
En effet, lorsque les réserves en graisses et autres éléments comme les vitamines, minéraux et oligoéléments ne sont plus disponibles en quantité suffisante, la nature ne nous laisse pas sans signal. Ce n’est qu’entre le 25ème et le 70ème jour de jeûne pour l’homme (suivant les réserves de chacun) que le corps entre dans cette seconde phase. A ce moment précis, notre corps nous indique, par des signaux particuliers, que le nettoyage interne est terminé et que les réserves sont épuisées.
Les indications habituelles pour rompre un jeûne et qui aident à déterminer la limite entre le jeûne et l’inanition sont les suivantes : (N’ayant jamais personnellement jeûné au-delà de 11 jours je n’ai pas connu ces signes. C’est pourquoi je me réfère au vécu du Dr Shelton et au découverte de Yvan Le Maho).
la langue redevient propre et la salive redevient abondante dans la bouche.
l’haleine devient douce et légère
les excrétions perdent leur odeur : l’urine devient claire
la température retourne à la normale
les yeux deviennent brillants et la vue s’améliore
Mais le principal signe indiquant que le jeûne doit être rompu est le retour de la faim(toutes les autres indications sont secondaires). C’est cette faim qui pousse instinctivement l’animal à aller chercher sa nourriture. Ce besoin irrésistible de se nourrir survient alors qu’il lui reste encore quelques jours de réserves, comme si la nature se réservait une marge de survie. A ce moment précis, il est alors primordial de rompre le jeûne sous peine de voir l’organisme commencer à chercher des nutriments en désintégrant des tissus vitaux comme les muscles. Suite à cette fonte musculaire, l’affaiblissement serait alors très rapide et préjudiciable. Mais n’oublions pas que cette phase d’inanition ne survient qu’au bout de quarante jours de jeûne complet en moyenne pour les hommes.
Malheureusement, rares sont les centres de jeûne dans lesquels on peut jeûner jusqu’au retour de la faim. En effet, pour des raisons d’organisation, financière ou de méconnaissance des processus du jeûne, que ce soit en Russie, Allemagne, en Suisse ou même en France, les séjours durent entre 5 et 21 jours. On est alors obligé d’interrompre le jeûne alors que le travail de régénération ne s’est pas complètement accompli. Néanmoins, les bénéfices d’un jeûne court (moins de 7 jours) sont tout de même conséquents Outre les améliorations physiologiques que nous analyserons plus tard, Carrington décrit les sentiments du malade arrivé à ce stade : « Un rajeunissement soudain et complet ; une sensation de légèreté, de vivacité et de bonne santé submerge le malade ; apportant un contentement et une sensation générale de bien-être, et l’impression d’une surabondance de gaité animale » (« Jeuner pour revivre », Albert Mosseri, Le courrier du livre.)
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